MELUSINE

Vouivre ou sirène, terre ou eau

Melusine 13

Une histoire alchimique et astrologique du couple archétypal Soleil - Lune

                                                                                         Première partie 

 

                                             MÉLUSINE  et RAYMONDIN

                                LES ÉCLIPSES SOLAIRES ET LE DRAGON

 

Le parcours alchimique qui mène de l’un à l’autre, qui courcircuite le LOGOS, se positionne dans le voyage du "héros". Il lui faudra pour cela s’interroger sur  sa nature, et son propre but.

Opérer un retournement du regard de l’extérieur vers l’intérieur (une métanoia).

Reconnaître que tout n’est qu’images de la conscience, et cependant distinguer celles appartenant à son authenticité.

Rencontrer des archétypes, souffrir l’angoisse du Moi confronté à une série de morts initiatiques, résoudre la dualité, vivre l'ultime l’Epreuve du 3 ième Feu, celui dit "de l'esprit".

La question qui est éternellement posée : "Est-ce que L’inspiration d’un artiste vient de sa propre conscience, de sa propre volonté" ; ou bien au contraire provient-elle de la collision entre un parcours de vie individuel et l’inconscient collectif, qui relève de la psychologie des profondeurs (CG Jung) et des archétypes?  

 

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Nous savons que c’est précisément en 1387 qu’apparaît pour la toute première fois sous  forme d’ouvrage écrit la légende de Mélusine. 

Ce roman ,  qui sera réellement connu  en 1393,  nare  l’histoire  d’une fée et de son époux  Raymondin dont le prénom est formé partir des substantifs germaniques :

-ragin, le conseil,

-et mundo, la protection,

Raymond signifiant  en quelque sorte " l'homme de bon conseil ".
Il fut très répandu en l'Europe occidentale du IXe au XIVe siècle.

 C’est donc  à l’attention du Duc de Berry qu’un certain « Jean d'Arras » écrivit

« La noble histoire de Lusignan ou le roman de Mélusine ».

Dans ce roman  la famille des « Lusignan », originaire du Poitou, remontait à  la fée Mélusine, femme légendaire, souvent vue comme fée, et issue des contes populaires et chevaleresques du moyen âge.

 Que peut on voir en MELUSINE ?...beaucoup de chose ,

-La « mater lucina » romaine qui présidait aux naissances,

- une divinité celte, protectrice de la Font-de-Sé  ou fontaine de la soif,

- la Lyké des grecs,

- la Mélugina des Ligures,

-la Milouziena des Scythes, dont le peuple serait issu d’Héraclès et d’Échidna, elle-même à queue de serpent et des ailes de chauve-souris.

-Chez les Celtes de Bourgogne on  trouve des melusines sur les deux anses du fameux cratère de Vix, et elles y sont nommées des Vouivres.

De toutes ses rencontres et ses mélanges entre sirènes, oiseaux,  vouivres , Stryge/ Vampire, allait sans doute  naître La Mélusine, personnage post évangélique fortement diabolisé dont l'objet était de détourner les païens paysans du culte des eaux vives, des Vouivres qui donnèrent leur nom à de nombreuses rivières, la Vauvre, la Vœuvre, la Wèvre et la Vivre, et au Vouvray.

Avant tout, un fait intéressant , on sait que  la caractéristique immuable de la vouivre  (être casanier habitant dans un trou ou une grotte ou des oubliettes abandonnées) est de porter au milieu du front une énorme pierre appelée escarboucle, et qui brille tellement qu’ envolant dans la nuit, elle laisse derrière elle comme une traînée de feu.

Pierre qui  a des vertus magiques car qui viendrait à la posséder comprendrait le “langage des oiseaux (renvoi à l’alchimie), soignerait tous ceux qui l’approcheront (pierre philosophale), et verrait l’or à travers la terre (traduisez par le centre  au travers de la couronne des ténèbres, l’équilibre au-delà du chaos).

Comme elle aime l’eau des rivières, des étangs, des fontaines et sources fraîches, elle en sort le soir, à heure fixe, pour aller se désaltérer et se baigner (nous percevons déjà  le rapport à la lune).

La liste est longue et sans véritable intérêt.

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L'histoire racontée par Jean d'Arras est celle du chevalier  « Raymondin » qui rencontre, à la pleine lune et près d'une fontaine, une fée qu’il épousera : « Mélusine ».

 Mélusine est  dotée d’une extraordinaire beauté, mi-femme, mi-serpent (selon les versions : mi-femme et mi-poisson)

L’histoire commence par un drame :

Notre cher Raymondin fils du roi des bretons, neveu du Comte de Poitiers et fils du Comte de Forez, tue  accidentellement son oncle AIMERY en forçant un sanglier féroce.

 De  douleur, il chevauche  toute la nuit, puis à minuit sonnant, dans la forêt, il rencontre à la fontaine de Soif (ou « fontaine faée ») trois femmes dont Mélusine.

Mélusine lui apparut dans toute sa beauté, il en tomba immédiatement amoureux et la demanda en mariage.

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Mélusine  lui propose de l'aider et de faire de lui un  puissant seigneur, à condition de devenir sa femme.

De plus, elle lui fait jurer de ne jamais chercher à la voir le samedi (le samedi étant le jour de Saturne).

 (Ce jour-là en effet, le jour qui précède le dimanche de , il est dit que Jésus-Christ s'est reposé dans la mort et dans le tombeau avant d'instituer par sa résurrection un jour nouveau et une semaine nouvelle).

En gage, elle lui offre deux verges d'or qui « ont moult grand vertu ».

La prospérité comble le couple.

Mélusine en est l'artisan très actif, défrichant et construisant villes et châteaux forts, à commencer par le château de Lusignan.

La fée construit le château de Vouvant pour son bien-aimé en une nuit, car Mélusine est une fée bâtisseuse.

On ne compte plus les tours, les châteaux, les églises, les abbayes qu’elle aurait construites par magie.

 Ils ont aussi beaucoup d'enfants, dix fils dont plusieurs deviennent rois par mariage, tel Urian, roi de Chypre, Guion, roi d'Arménie, Renaud, roi de Bohême. Mais chacun a une tare physique au visage, comme Geoffroy à la grande dent, le sixième.

Après leur mariage, ils ont  ensemble  une existence fertile et des plus normale, sauf que tous les samedis, Mélusine doit se réfugier dans son bain, où elle se transforme en une sorte de serpent-poisson, de sa taille jusqu'à ses pieds.

Elle met en garde  Raymondin  de ne pas l'épier pendant cette métamorphose.

Un peu avant le déjeuner, on l’informe que son frère, le comte de Forez, est arrivé pour lui rendre visite.  Ils vont à la messe, puis entrent dans la salle principale du château où ils se mettent à table.

Son frère lui précise que le bruit court partout que sa femme se cache tous les samedis pour mal faire.

Raymondin, fou de colère, brave l’interdit,  entre dans sa chambre, prend son épée, la met à sa ceinture et court à l'endroit où il sait bien que Mélusine se cache tous les samedis.

Là, il trouve une solide porte de fer, très épaisse, il dégaine son épée et, avec la pointe très dure, il creuse jusqu'à faire un trou.

Il regarde alors à l’intérieur et voit Mélusine dans un grand bassin de marbre, avec des escaliers qui descendent jusqu'au fond. C'est un bassin rond de quinze mètres de tour environ avec des allées tout autour. Et Mélusine se baigne là.

Raymondin la voit dans le bassin, pour son plus  grand malheur puisque Mélusine disparaîtra.

Jusqu'au nombril elle ressemble à une femme qui peigne ses cheveux. Mais à partir du nombril elle a une énorme queue de serpent,  terriblement longue, avec laquelle elle bat l’eau qui gicle jusqu'au plafond.

Folle de douleur face à la trahison du serment, Mélusine s’envole par la fenêtre dans un terrible cri.

Une petite remarque qui a son importance : la tombe chez les Égyptiens avait une porte verticale pour laisser échapper l'âme du défunt, âme que l'on voit sur la vignette ornant le chapitre de « l'ouverture de la tombe à l'ombre d'Osiris »  s'envolant sous la forme d'un oiseau à figure humaine, vers le soleil qui se lève derrière la tombe, tandis que le corps du défunt, peint en couleur très noire, marche à côté de la tombe.

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La légende raconte qu’elle aurait transpercée le toit de l’église au passage et l’édifice étant resté en l’état fort longtemps, il aurait été le témoignage à travers les siècles de l’événement.

Les nuits suivantes, Mélusine aurait été vue sous une forme éthérée sur les tourelles du château, pleurant et appelant ses enfants dont elle était séparée.

Et depuis, chaque fois qu’un Lusignan va mourir, certains aperçoivent Mélusine dans les parages du château de Vouvant. 

C'est  encore elle qui annoncera la mort de Raymondin, devenu ermite à à l’abbaye catalane de Montserrat

A travers la légende de Mélusine, ce qui a survécu, ce n'est pas seulement une divinité, mais tout un système , une initiation dont l'importance à nos yeux ne peut sans doute plus être comprise pleinement car tout se perd au fil du temps.

L'histoire de Mélusine s'appuie donc sur un thème universel, celui du mortel qui se lie avec un être féerique.

Il s'en trouve comblé, à la seule condition d'en ignorer et de ne pas révéler le caractère extraordinaire. 

Mélusine fait donc partie de ces êtres à mi-chemin entre l'humanité et le surnaturel, qui semblent avoir besoin de la participation de l'homme pour pouvoir exister réellement dans le monde.

 

                                           Fin de la première partie

        

                                                                                                    Deuxième partie

Deux symboles  peuvent  donner sens à la quête :  « le soleil  et  la  lune » ou le couple alchimique. 

 Le chevalier Raymondin représente l'astre solaire. 

 Mélusine et  Raymondin  forment un « couple et un cycle de relation trinitaire », dont l'histoire rapporte les trois principales phases de la lune.

 Pourquoi la Lune brille-t-elle ?

La Lune n'émet pas sa propre lumière. Elle reflète la lumière du soleil. Depuis la Terre, nous voyons donc la partie de la Lune que le Soleil éclaire. Tantôt ronde, tantôt fin croissant, la Lune change d'aspect tout au long du mois lunaire.

 Pourquoi ? 

C’est en quelque sorte une  boule suspendue  dans l'espace et elle est toujours à moitié éclairée par le Soleil. La Lune tournant autour de la Terre, cette partie éclairée change continuellement d'apparence, d'où les phases de la Lune.

Deuxièmement analysons :

-La première phase  est  la phase de la vie normale.

Mélusine vit avec le chevalier Raymondin. C’est la lune blanche, le croissant de fertilité, connue dans l'antiquité, sous les noms d'Artémis ou de Diane. 

C'est la Mélusine bâtisseuse de châteaux, productrice, protectrice et mère. Cette Mélusine est celle de la lune dans le signe du Cancer (l’œuf alchimique, la grotte).  C'est une lune active et féconde, la Matrona.

 -La deuxième phase, c'est la phase de la nouvelle lune. 

On appelle la lune noire improprement « la nouvelle lune » (la nouvelle lune n'apparaît qu'un jour après la lune noire). C'est le jour où Mélusine va se cacher dans son bain.  Comme la lune qui semble se cacher du soleil, Mélusine s'éclipse.C'est « Mélusine-serpentine ». 

Elle se met hors de vue du chevalier Raymondin (Raymond  est la lumière du roi du monde). Elle correspond à la divinité grecque Hecate, qui est une déesse de la nouvelle lune.  Hecate est soeur de la nuit, règne sur la mort, les enchantements, la magie et les prophéties.

La baignoire où se retrempe Mélusine est le chaudron d'inspiration de Keridwen et des bardes gallois ; c'est la source universelle, l'inconscient collectif, les opérations alchimiques. 

C'est une lune du signe des Poissons, secrète et double comme Mélusine-serpentine. C'est une lune des poètes, des muses, des prophétesses et des voyantes.  Chaque lune noire est ainsi une regénération pour  un nouveau cycle de 28 jours. 

Il est surprenant que la transformation de Mélusine ait lieu tous les huit jours, du moins dans l'histoire telle qu'elle est rapportée par Jean d'Arras (maintenant c’est une histoire, peut être que l’inconscient de Jean d’Arras avait quelques chose de particulier à souligner qui demeure inconnu à mes yeux), ou bien une dégénérescence du mythe ?

Il est très probable que Mélusine se transformait non pas toutes les semaines, mais bien tous les mois.

-Nous en arrivons maintenant à la troisième phase:   l'éclipse solaire. 

Rappelons qu'il y a éclipse quand la Lune passe entre le Soleil et la Terre. Celle-là projette alors sur notre globe une zone d'ombre et le spectateur situé dans cette zone peut alors voir le disque solaire s'occulter. L'éclipse  va donc survenir  quand  le chevalier RAYMONDIN découvre Mélusine dans son bain. 

 Bien que mis en garde, Raymondin  est poussé par la curiosité, et sur l'instigation de son frère, il s'avise d'épier Mélusine par un trou dans la porte.

La lune noire devient ainsi une éclipse.  Normalement invisible, elle apparaît soudain encerclée de lumière (la corona). 

C'est ce qui se passe pour Mélusine, elle se retrouve subitement exposée à la vue de Raymondin, dans toute sa nudité, dans ses secrets profonds.

 Raymondin et Mélusine, c'est en d'autres termes le soleil et la lune se retrouvant au même degré de l'écliptique (au plan des éclipses), et à

la même latitude……..Puis, cette lune noire qui apparaît soudain pour quelques minutes redisparaît  très vite. 

Mélusine se transformera en « dragon ailé » et se sauvera par la fenêtre du château : « Et lors se mue en une serpente grande et grosse et longue de la longueur de quinze pieds... »

Le dragon représente l'orbite lunaire autour de notre planète et il en est donc le symbole.  Cette orbite coupe l'écliptique en deux points,  appelés noeuds ascendant (Nord) et descendant (Sud).  

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LES NOEUDS LUNAIRES

Il s’agit des deux points d’intersection entre les plans de l’orbite lunaire et de l’écliptique (orbite géocentrique apparente du Soleil). Ces deux points d'intersection sont dit « fictifs » parce qu'ils ne correspondent à aucune réalité palpable, comme des planètes, des étoiles.

Malgré ce fait, leur importance est considérable parce qu'ils mettent en relation le Soleil, la Lune et la Terre en même temps. Ils révèlent donc en astrologie une dimension et une valeur de symboles fondamentaux.

On les appelle aussi :

- la Tête du Dragon (Nœud Nord ou Ascendant désignant le moment où la Lune commence sa trajectoire au-dessus du plan de l’écliptique)

- et la Queue du Dragon (Nœud Sud ou Descendant désignant le moment où la Lune commence sa trajectoire en-dessous du plan de l’écliptique).

Les Nœuds lunaires (contrairement à la Lune Noire)  font partie de la tradition astrologique. Ils sont particulièrement importants dans l’astrologie indienne et tibétaine (Râhu et Ketu).Leur période est d’environ 18,6 ans.

Ils s’inversent à mi-parcours et reviennent à leur position initiale au bout de 9,3 ans. Ils servent à déterminer les moments des éclipses soli-lunaires.

 

Pour l’astro-symbolisme classique :

- le Nœud Nord est un principe d’"expansion, rayonnant, actif, positif", le point à atteindre,

-le Nœud Sud est un principe de "contraction, absorbant, féminin, passif, négatif", les bagages.

On reconnaît  bien là le machisme et le sexisme traditionaliste : le masculin est "au-dessus" et le féminin "au-dessous". Remarquez c’est assez universel et sexuellement significatif !

Ils reviennent sur leurs positions initiales à :

.18 ans et demi 

.37 ans 

.56 ans 

.74 ans et demi.

Ils s'inversent à :

.9 ans 

.28 ans 

.46 ans et demi 

.65 ans 

.84 ans.

C’est en quelque sorte le chemin de compostelle, chemin alchimique que tout un chacun doit accomplir pour vivre pleinement sa vie.

 

Avec les noeuds lunaires, nous abordons une curieuse coïncidence..

En effet, ces mêmes nœuds  étaient connus en astronomie, il n'y a pas encore très longtemps, sous la dénomination de « tête » et « queue » du « dragon » (c'est d'ailleurs toujours en ces termes que les astrologues les mentionnent).

Plus intéressant encore, les éclipses solaires se passent justement sur la tête du dragon, sur le nœud  ascendant et les éclipses lunaires, sur le nœud  descendant. 

 A partir de ces éléments, nous pouvons déjà reconstituer la cosmogonie de ce dragon :

-La tête en est l'organe agressif ou vital (au cours de l'éclipse solaire, le dragon avale le soleil). 

-La queue en est l'organe éliminatoire  car pendant l'éclipse lunaire, la lune disparaît à son tour ; le dragon élimine la lune).

 Rappelons que les mythologies grecques, romaines et celtiques ne manquent pas de serpents ou de dragons, accompagnant les divinités lunaires(.....……………….Keridwen  était  souvent  représentée chevauchant  des dragons).   

au sujet de Keridwen, un petit rappel

keridwen prépare une mixture dont trois gouttes (les 3 phases de l’œuvre alchimique ou de l’intériorité) doivent donner à son fils, le hideux Morvan (surnommé Avangddu, c'est-à-dire le monstre noir), les dons de prophétie.

Gwion Bach (guide) pousse l’enfant (Morvan) et reçoit directement  les dons magiques à sa place.

Il s’enfuit en prenant différentes métamorphoses :

un  saumonbleu,

un chien,

un cerf,

un chevreuil,

une borne,

une corde,

une hache, etc.

 Dans la poursuite, Keridwen se transforme autant de fois.

Dans une grange, il se transforme en grain de blé, Keridwen prend l’apparence d’une poule noire, elle avale le grain de blé et donne naissance à Gwion Bach.

Ne pouvant se résoudre à le tuer, elle installe l’enfant dans un  coracle  et l’abandonne sur la mer.

Une histoire déjà entendue ailleurs et bien des fois répétée, n’est ce pas ?

Elffin ap Gwyddno fils de Gwyddno garanhir, participe à une pêche miraculeuse chaque 1er novembre (c'est le 1er novembre qu’a lieu la fête celtique de Samain), mais à la place de saumons il ne récolte qu’un coracle.

Il tranche les cordons de cuir et un front blanc (tal-iesin) apparaît.

C’est Gwion Bach qui a erré sur la mer pendant 40 ans. C’est la naissance de Taliesin.

 

  Fin de la 2 me partie

Melusine - Coracle

Melusine 3
Coracle

3ième partie

 L'Initiation druidique ou mythe pré-celtique avec sa trilogie ou mouvement trinitaire représenté par le Triskell, semble incorporer l'histoire de Mélusine comme un  simple un chapitre d'une très ancienne cosmogonie. Elle résume une réalité à la fois cosmique et terrestre, la réalité de notre condition, réalité qui inclut le désastre (la fin) comme partie intégrante du cycle.

Et oui l'histoire de Mélusine débute et finit par un "désastre". Juste avant de rencontrer Mélusine, Raymondin tue accidentellement son seigneur, le comte de Poitiers avec qui il faisait une chasse. 

Avec la disparition de Mélusine, le cycle est ainsi bouclé, d'un désastre à l'autre,d'un cycle à l'autre.

Important :

Bien que la lune comporte  4  quartiers,  il n'y a en fait que 3 phases véritables,  trois expressions de l'énergie lunaire. Un peu comme en alchimie on ne retient que 3 phases principales, alors qu'il y en a 4 évidentes (noir, blanc, jaune, rouge puis même pourpre) et d'autres intermédiaires.

Ce mouvement trinitaire, que les celtes représentaient par le Triskell, la roue à trois branches est aussi l'équivalent de la trilogie hindoue du Brahman (création), de Vishnu (préservation) et de Shiva (destruction). 

C'est cette même trilogie que l'on retrouve dans la triplicité du zodiaque :

-les signes cardinaux,

-les fixes

-et les mutables.

 

Le mythe, s'affirme comme la conjonction et la rencontre ou l' union providentielle de :

-sources de prospérité et de bonheur,

-d'un humain et d'un personnage féerique, venu de l'autre monde.

- d’un être hybride entre deux natures, caractérisé par un signe physiologique, situé le plus souvent dans la partie inférieure du corps.
- l'inévitable transgression d'un interdit, qui prive le héros de tous les bienfaits dont il a pu bénéficier.

Mélusine, de son côté, désire partager la condition humaine, devenir, selon les mots de Jehan d'Arras, une "femme naturelle".

Avec l’aspect particulier du christianisme qui marque la fin du XIV siècle, l'être féerique  a besoin des hommes pour existe et ainsi pouvoir espérer le salut,L'homme devient égal sinon supérieur aux divinités de la basse mythologie.

Cette "humanisation" est une étape nécessaire car tout se passe comme si la femme divine ne pouvait rien mettre en œuvre sans le bras d'un mortel. Cette grande déesse isolée, équivaut au néant.

C'est par le mariage que les fées mélusiniennes accomplissent leur humanisation et c'est aussi symboliquement près d'une fontaine, par-delà l'eau, que ce passage s'opère.

Simultanément fée et femme, humaine et serpente, chrétienne et diabolique, mère et amante, bâtisseuse et destructrice, bénéfique et maléfique ... Mélusine est la déesse qui s'est faite femme. La Déesse-Mère primordiale qui entre dans l'histoire humaine, avant de redisparaître dans les cieux, faute d'avoir été acceptée par les hommes.

Elle demeure l'antique divinité déchue, que l'on n'a pourtant jamais vraiment cessé de révérer : la toute-puissante Nature, celle qui a comblé les hommes de ses dons.

A ce sujet évoquons le début de l'Evangile de Jean :

"La lumière vit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue ... Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l'a point connue. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l'ont point reçue".

Mélusine reste la divinité inaccessible, qui ne doit et ne peut être vue en tant que telle, mais uniquement au travers de ses manifestations, de son huminisation. La divinité qui ne peut être révélée aux non-initiés. La divinité des mystères, à la fois déesse de vie et déesse de mort, qui donne accès à la connaissance suprême. C'est toute l'alchimie en somme, pulsion de vie et pulsion de mort.

C'est une façon de comprendre le double interdit qui frappe Raimondin :

-ne pas la voir telle qu'elle est le samedi, dans sa véritable nature.

-Et surtout, puisqu'il est personnellement prêt à accepter cette vérité, ne pas la divulguer aux profanes : le mystère implique le sacré, le secret.

Mélusine est de toute façon une divinité des eaux souterraines, de la terre et que hantent les vouivres et  les serpents.

Elle est un  un symbole toujours d'actualité en incarnant  l'androgyne primordial, l'Homme tel que Dieu l'a initialement créé, " à son image.

Dans toutes les traditions, nous avons des femmes, des hommes ou des animaux à queue de serpent :

-Erechtée le défenseur d’Athènes 

-Eros parfois représenté ainsi, déesse de l’agriculture et de la civilisation des Sumériens 

-Nommo le dieu des Dogons du Mali,;

-les nâginis du Népal et de l’Inde…

-Tout dernièrement il a même été  découvert chez les Méroïtes ( pyramides royales  du soudan)  un dieu indigène de la fertilité à tête de lion et corps de serpent, datant de 240 ans avant JC.

Dieu indigène à tête de lion

Soudan dieu indigene a tete d elion

C’est bien un certain aspect de la religion et même de la christianisation de ces temps là avec des valeurs  de crainte, de morale vertueuse, d'âme chargé d’un poids de souillures corporelles et terrestres entrainée vers des mondes invisibles, de condition humaine  privée de la pureté et de la simplicité divine et le passage de l’ inquisition, qui a diabolisé sa queue de serpent et sa métamorphose en dragon volant.

Puis on en arrive facilement à affirmer qu'il convient d'être délivrer de forces négatives et régressives et qu'il faut, par exemple, libérer les énergies ascentionnelles de l'esprit (belle résistance en fait pour ne pas s'intéresser à l'essentiel qui n'est pas toujours très lumineux).

Quoiqu'entre esprit et âme reigne la confusion générale car certans disent que l'esprit survit à la mort de l'être humain (du corps) et d'autres que l'âme est impérissable...(admirateurs du surnaturel et de l'au-delà, il faut essayer de se mettre d'accord).

Parallèlement, le catholicisme lui substitue le culte de sainte Venice représentée, surtout sur les vitraux des églises normandes, se baignant habillée, dans un baquet, mais sans queue de serpent !

Comme quoi on a vitre transformé les choses. Vous connaissez la suite......

L'immaculée conception de Marie est un point de foi du dogme catholique et orthodoxe, dont la dévotion est apparue surtout aux Xe et XIe siècles, et qui a ensuite été mis en avant par les franciscains, surtout après le XIIIsiècle.

Son dogme a été finalement précisé par l'église catholique le 8 décembre  1854 par Pie IX. 

Le serpent étant le premier cité dans l'Histoire Sainte. Son image, en général associée à la femme, est le symbole de la tentation.

La "vierge au serpent" est une image récurrente dans l'iconographie chrétienne.  Marie est souvent dépeinte avec un serpent à ses pieds. 

Mais qu'elle stupéfiante  représentation de la Vierge à l’Enfant dans l'église de Brennilis. 

 Notre-Dame de Bréac Ellis avec, à ses pieds, 

                                                                                                      la femme à queue de serpent

                                         Statue du début du XVIe siècle (Finistère).

 La queue de la Serpente rejoint en arrière la tresse de la Vierge, sans qu'on puisse faire la distinction entre l'une et l'autre.

Quand elle a été  descendue de son socle,  il a été constaté  que la queue  de la jeune païenne rejoint en arrière la ligne médiane du corps, qu'elle remonte ensuite. De la chevelure de la vierge ou"Mère de Dieu" descend une tresse le long de la colonne vertébrale. Cette tresse vient s'unir à l'appendice de la  déesse, e sorte que les deux  se confondent sans que la distinction puisse être faite entre l'un et l'autre .

 Cette statue placée dans une niche à volets représente la Vierge à l'Enfant qui semble écraser une démone ou Ève tenant une pomme (ou la Mary-Morgane). Les panneaux des volets représentent l'ange de l'Annonciation, sainte Geneviève, la Vierge de l'Annonciation et sainte Apolline tenant l'une de ses dents au bout d'une longue tenaille.

Brennilis est, dans le Finistère, à l’entrée du Youdig, les portes de l’enfer, là où fut construite, sur le lac Saint-Michel, la première centrale nucléaire maintenant en voie de démantèlement.

Notre-Dame de Bréac Ellis avec à ses pieds la femme à queue de serpent , vierge de

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Les unes (déesses lunaires) sont devenues des fées,  un phénomène assez courant, après l'arrivée du christianisme. 

La lune dans les cultures païennes présidait à la divination, à l'art de prédire le destin.

Les mots fée, fairie, fada, fadet, fates, sont issus du mot latin « fatum », soit destin, lui-même issu du gaulois ovates.  Les ovates étaient bien les devins dans les grades des druides. 

La baguette magique, c'est ce qui reste du culte de la fertilité, de la fécondité, de la magie des déesses lunaires. 

Les anciens dieux sont longs à mourir (comme Mithra qui continu à vivre dans l'image de jésus-christ), les anciennes déesses lunaires aussi. Ani est toujours Ainé,  Morgwen est devenue Morgan en Grande-Bretagne, quant à Belisama, elle devient tout simplement Mélusine.

La Mère Universelle ayant été souvent représentée avec un buste de femme ou d'homme et une queue de serpent dès les temps les plus anciens au quatre coins du monde.

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